Arborescence

L'ensemble Arborescence, créé en août 2021, se propose d'éclairer les musiques du passé à la lumière des pratiques historiques — notation, solmisation, contrepoint, ornementation, déclamation — telles qu'elles peuvent être redécouvertes aujourd'hui grâce au concours des humanités numériques.

Apogée du projet de recherche « Chanter les Motets de Philippe de Vitry », la création de l'ensemble Arborescence constitue le point de convergence des chemins parcourus depuis le début des années 2000 : projet de recherche sur l'interprétation de la musique polyphonique entre Ars antiqua et Ars nova, éditions diplomatiques et critiques des manuscrits du Corpus Motetorum Philippi de Vitriaco (CMPV), mises en pratique de la science du chant (notation, solmisation, contrepoint, ornementation), rencontres entre poèmes et musiques, expérimentations sur la prononciation des textes, espaces de réflexions et de créations entre musiques d'hier et musiques d'aujourd'hui.

En janvier 2024, l'ensemble Arborescence rejoint La Filature, au sein de l'association Musique en roue libre (Arras, France), un collectif de musiciens à géométrie variable et à vocation pérenne, agissant dans le domaine de la création, de l'invention, de la transmission, de la diffusion, du rayonnement territorial des musiques anciennes à nos jours.

Artistes

Marthe Davost, voix.

C'est à la maîtrise de Bretagne que la soprano Marthe Davost découvre son intérêt particulier pour la voix. Elle se forme ensuite à la maitrise Notre-Dame de Paris et au Conservatoire national supérieur de musique de Paris. On peut la suivre ces prochaines saisons en Mélisande avec l'Unité scénique de la Fondation Royaumont et l'entendre au sein d'ensembles tels que Pérotin Le Grand, le Poème Harmonique, Marguerite Louise, Le Consort, Arborescence et Lux Aeterna dont elle est la directrice artistique.


Eugénie De Mey, voix.

Née en Belgique, les pieds dans la musique et la danse contemporaines, Eugénie De Mey développe un goût précoce pour le chant et la musique ancienne auxquels elle se consacre tout en se formant en musicologie. Mezzo léger au départ, elle se distingue par une utilisation originale des différents registres de la voix, notamment la voix de poitrine. En 2019 elle crée le TROBAR PROJECT, voué à défendre des rencontres et croisements à partir de la musique médiévale. On peut l'entendre au sein des beaux ensembles La Tempête, Servir Antico, Arborescence, De Caelis, Esharêh, Why Theatre, Le Concert Spirituel, Les Cris de Paris, Diabolus in Musica, Toasaves, etc.


Maud Haering, voix.

La soprano Maud Haering est attirée depuis toujours par les musiques anciennes. Après un master de musique médiévale à la Sorbonne, elle s'est formée au Conservatoire Royal de La Haye (Pays-Bas) auprès de P. Kooij, F. Aspromonte et R. Blaze lors d'un master de chant baroque. Elle se produit au sein des ensembles de musique médiévale Discantus et Arborescence, et également avec les ensembles baroques Correspondances, le Collegium Vocale Gent et le Amsterdam Baroque Choir.


Lionel Desmeules, voix.

Lionel Desmeules est un musicien complet : organiste, claveciniste et chanteur. Après des études au sein des HEM de Genève et Lausanne, il se produit aux côtés de quelques noms illustres de la scène musicale. Son activité se concentre essentiellement en Suisse romande. Il est apprécié comme organiste de paroisse, soliste (au clavecin, à l'orgue et chanteur), accompagnateur et chef de chœur. Il est, depuis 2011, membre de l'ensemble Les Chantres du Thoronet.


Benjamin Ingrao, voix.

Diplômé en 2013 du CNSMD de Lyon en chant (musique ancienne), Benjamin Ingrao se produit régulièrement comme ténor soliste au sein de différents ensembles professionnels en France et à l'étranger. Intéressé par les projets historiquement informés autant que par les expériences sonores insolites, il voyage allègrement entre les esthétiques musicales, allant de la période médiévale jusqu'aux confins de la musique contemporaine. Souvent invité comme chef de chœur ou coach vocal, il est titulaire du CA depuis 2019 et partage son activité de chanteur et chef de chœur avec l'enseignement au CRD de Bourgoin-Jallieu.


Mauricio Montufar, voix.

Titulaire d'un master de musique médiévale (HEM, Genève) et passionné de musique latino-américaine, Mauricio Montufar est engagé dans plusieurs projets de recherche internationaux sur les traditions musicales issues du syncrétisme européen et indigène. Comme chef de chœur, il participe à de nombreux projets pédagogiques en Europe et en Amérique latine. En tant que ténor, il est lauréat de la fondation Royaumont (2020) et on a pu l'entendre dans les ensembles Lucidarium, Nikan Ompa, Arborescence, etc.


Olivier Bettens, déclamation.

Passionné dès sa prime jeunesse par la pratique historiquement informée de la musique ancienne, Olivier Bettens entreprend un travail de longue haleine sur l'histoire de la prononciation du français chanté, domaine dans lequel il est fréquemment consulté par des musiciens de premier plan. Sa réflexion sur la prosodie l'attire vers la terra incognita des humanités numériques. En tant que récitant, il a l'occasion de mettre en pratique le fruit de ses recherches.


David Chappuis, direction.

David Chappuis est un musicien passionné, vivant son art comme un tout indissociable, articulant recherche, interprétation, improvisation et création. Fasciné par les rapports entre écriture et oralité, il perçoit ces modes de transmission comme un continuum riche et complexe. De l'improvisation à la composition, des répertoires écrits occidentaux aux traditions orales des musiques du monde, il explore les interactions et les transformations de ces modalités au fil de ses expériences musicales. Au cœur de son travail réside une pensée critique affirmée, façonnée par son intérêt pour l'épistémologie, discipline philosophique qui interroge en profondeur la nature et la portée de nos connaissances. Cette démarche oriente sa réflexion et nourrit sa créativité, où la rencontre entre savoirs et expériences est source d'innovation, d'ouverture et de partage.


Programmes

Douce playsence


Conçu pour les six voix de l'ensemble Arborescence, Douce playsence est un programme de concert construit autour des cinq motets attribués avec certitude à Philippe de Vitry, grâce aux témoignages explicites de ses contemporains : Garison, Gratissima, Hugo princeps, Lugentium et Rex quem metrorum.

En imaginant la manière de présenter ces œuvres au public d'aujourd'hui, ainsi que la forme que pourrait revêtir un concert consacré à Philippe de Vitry, deux lignes de force se sont peu à peu dessinées. La première esquissait une structure en deux périodes symétriques — évoquant la fleur de l'âge et l'âge mûr du compositeur — reliées par la déclamation du poème Douce playsence, trait d'union poétique qui allait donner son nom au concert et au disque. La seconde visait à faire naître un dialogue entre musique d'hier et musique d'aujourd'hui, invitant l'auditeur à traverser les strates du temps, porté par les résonances croisées du passé et du présent.

Au final, le concert se déploie en continu dans l'espace et le temps. Chaque partie s'ouvre par un somptueux motet à quatre voix, en guise de prélude : Rex quem metrorum, dédié à Robert d'Anjou, pour la première ; et Gratissima, en l'honneur de la Vierge Marie, pour la seconde. Lugentium, également à quatre voix et dédié au pape Clément VI à Avignon, en constitue l'apothéose. Son ampleur et la complexité de son architecture en font la pièce culminante du programme.

La découverte de deux poèmes attribués à Philippe de Vitry m'a inspiré l'idée d'ouvrir le concert par une double invocation. D'abord, une prière à la Trinité en faveur de ceux qui chantent selon l'art de musique (Adesto), confiée aux trois voix masculines placées derrière le public. Puis, en écho, une invocation aux Muses, un appel à l'inspiration poétique (Decens), interprété par les trois voix féminines, face au public. Invoquer musique et poésie en ouverture d'un concert consacré aux motets de Vitry m'a semblé à la fois naturel et chargé de sens.

J'ai également ressenti la nécessité d'ajouter une respiration au sein de chacune des parties. L'idée d'écrire deux duos pour sopranos m'est alors apparue comme une évidence. Peut-être parce que les motets de Philippe de Vitry, composés à partir d'un ténor généralement situé dans le grave, appelaient un contraste lumineux dans l'aigu. Orbis et Douce playsence ont ainsi trouvé leur place dans l'édifice.

David Chappuis

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Programme "Douce playsence"


Première partie

Invocation
  1. Adesto — poème de Philippe de Vitry, musique de David Chappuis
  2. Decens — poème de Philippe de Vitry (extrait), musique de David Chappuis
Prélude
  1. Rex quem metrorum — motet à quatre voix de Philippe de Vitry
La fleur de l'âge : le Roman de Fauvel
  1. Adesto sancta Trinitas — motet à trois voix attribué à Philippe de Vitry
  2. Quoniam secta latronum — motet à trois voix attribué à Philippe de Vitry
  3. Orbis — poème de Philippe de Vitry (extrait), musique de David Chappuis
  4. Vos pastores — motet à trois voix attribué à Philippe de Vitry
Intermède
  1. Douce playsence — poème de Philippe de Vitry
Deuxième partie

Prélude
  1. Gratissima — motet à quatre voix de Philippe de Vitry
L'âge mûr : le Codex Ivrea
  1. In arboris — motet à trois voix attribué à Philippe de Vitry
  2. Hugo princeps — motet à trois voix de Philippe de Vitry
  3. Douce playsence — incipit d'un poème de Philippe de Vitry, musique de David Chappuis
  4. Garison — motet à trois voix de Philippe de Vitry
  5. Lugentium — motet à quatre voix de Philippe de Vitry

Médias

Teaser

Film