sicut videmus arborem...
comme nous voyons un arbre...
l'ensemble
Sicut videmus arborem tempore aestatis adornatam et decoratam floribus (...), sic omnis discantus de floribus musicae mensurabilis adornatur et etiam decoratur.
Tout comme nous voyons l'arbre, en été, orné et décoré de fleurs (...), de même tout déchant est orné et aussi décoré des fleurs de la musique mesurée.
L'ensemble Arborescence se propose d'éclairer les musiques du passé à la lumière de pratiques historiques (notation, solmisation, contrepoint, ornementation, déclamation) telles qu'elles peuvent être redécouvertes aujourd'hui grâce au concours des humanités numériques.
Tout commence avec Philippe de Vitry...
Plus précisément, avec les motets de ce grand poète et musicien du XIVe siècle. Fascination pour la complexité, pour la perfection formelle de ces pièces et, au fil d'essais de transcription, de déchiffrage, de prononciation, découverte de leur intense beauté. Premier projet de recherche, au début des années 2000, dans le cadre de la Haute école de musique (HEM) de Genève. Concerts, réflexions, maturation...
En 2018, les conditions sont réunies pour lancer, toujours sous l'égide de la HEM, un projet beaucoup plus ambitieux : « Chanter les Motets de Philippe de Vitry » (CMPV). Mais, avant de chanter, il faut éditer : CMPV devient Corpus Motetorum Philippi de Vitriaco. Cependant, une nouvelle édition n'aura de sens que si elle se fait résolument moderne, en recourant aux humanités numériques, vaste champ de recherche situé au croisement de l'informatique, des arts, des lettres et des sciences humaines. Fondée sur la totalité des sources manuscrites connues, l'édition CMPV permet à la fois de se rapprocher de la lettre des sources, de les confronter pour en induire une version critique, d'en analyser et d'en visualiser l'architecture poétique et musicale et de fournir aux chanteurs des parties qui les guident dans leur apprentissage de la solmisation, du contrepoint simple et de l'ornementation (fleurs musicales).
les artistes
Marthe Davost, voix.
C'est à la maîtrise de Bretagne que la soprano Marthe Davost découvre son intérêt particulier pour la voix. Elle se forme ensuite à la maitrise Notre-Dame de Paris et au Conservatoire national supérieur de musique de Paris. On peut la suivre ces prochaines saisons en Mélisande avec l'Unité scénique de la Fondation Royaumont et l'entendre au sein d'ensembles tels que Pérotin Le Grand, le Poème Harmonique, Marguerite Louise, Le Consort, Arborescence et Lux Aeterna dont elle est la directrice artistique.
Eugénie De Mey, voix.
Née en Belgique, les pieds dans la musique et la danse contemporaines, Eugénie De Mey développe un goût précoce pour le chant et la musique ancienne auxquels elle se consacre tout en se formant en musicologie. Mezzo léger au départ, elle se distingue par une utilisation originale des différents registres de la voix, notamment la voix de poitrine. En 2019 elle crée le TROBAR PROJECT, voué à défendre des rencontres et croisements à partir de la musique médiévale. On peut l'entendre au sein des beaux ensembles La Tempête, Servir Antico, Arborescence, De Caelis, Esharêh, Why Theatre, Le Concert Spirituel, Les Cris de Paris, Diabolus in Musica, Toasaves, etc.
Maud Haering, voix.
La soprano Maud Haering est attirée depuis toujours par les musiques anciennes. Après un master de musique médiévale à la Sorbonne, elle s'est formée au Conservatoire Royal de La Haye (Pays-Bas) auprès de P. Kooij, F. Aspromonte et R. Blaze lors d'un master de chant baroque. Elle se produit au sein des ensembles de musique médiévale Discantus et Arborescence, et également avec les ensembles baroques Correspondances, le Collegium Vocale Gent et le Amsterdam Baroque Choir.
Lionel Desmeules, voix.
Lionel Desmeules est un musicien complet : organiste, claveciniste et chanteur. Après des études au sein des HEM de Genève et Lausanne, il se produit aux côtés de quelques noms illustres de la scène musicale. Son activité se concentre essentiellement en Suisse romande. Il est apprécié comme organiste de paroisse, soliste (au clavecin, à l'orgue et chanteur), accompagnateur et chef de chœur. Il est, depuis 2011, membre de l'ensemble Les Chantres du Thoronet.
Benjamin Ingrao, voix.
Diplômé en 2013 du CNSMD de Lyon en chant (musique ancienne), Benjamin Ingrao se produit régulièrement comme ténor soliste au sein de différents ensembles professionnels en France et à l'étranger. Intéressé par les projets historiquement informés autant que par les expériences sonores insolites, il voyage allègrement entre les esthétiques musicales, allant de la période médiévale jusqu'aux confins de la musique contemporaine. Souvent invité comme chef de chœur ou coach vocal, il est titulaire du CA depuis 2019 et partage son activité de chanteur et chef de chœur avec l'enseignement au CRD de Bourgoin-Jallieu.
Mauricio Montufar, voix.
Titulaire d'un master de musique médiévale (HEM, Genève) et passionné de musique latino-américaine, Mauricio Montufar est engagé dans plusieurs projets de recherche internationaux sur les traditions musicales issues du syncrétisme européen et indigène. Comme chef de chœur, il participe à de nombreux projets pédagogiques en Europe et en Amérique latine. En tant que ténor, il est lauréat de la fondation Royaumont (2020) et on a pu l'entendre dans les ensembles Lucidarium, Nikan Ompa, Arborescence, etc.
Olivier Bettens, déclamation.
Passionné dès sa prime jeunesse par la pratique historiquement informée de la musique ancienne, Olivier Bettens entreprend un travail de longue haleine sur l'histoire de la prononciation du français chanté, domaine dans lequel il est fréquemment consulté par des musiciens de premier plan. Sa réflexion sur la prosodie l'attire vers la terra incognita des humanités numériques. En tant que récitant, il a l'occasion de mettre en pratique le fruit de ses recherches.
David Chappuis, direction.
Spécialiste des musiques anciennes et contemporaines, David Chappuis fonde en 2021 et dirige l'ensemble Arborescence, avec lequel il effectue un retour aux sources et aux pratiques historiques (notation, solmisation, contrepoint, ornementation, déclamation), appliqué aux répertoires vocaux français des XIIIe et XIVe siècles. Son travail a fait l'objet de deux projets de recherche appliquée au sein de la Haute école de musique de Genève, en collaboration avec la Fondation Royaumont : « Interpréter la musique polyphonique entre Ars antiqua et Ars nova » et « Chanter les motets de Philippe de Vitry ».
les programmes
Douce playsence
Conçu pour six voix (trois chanteuses et trois chanteurs), Douce playsence est construit autour de huit motets de Philippe de Vitry, interprétés à partir de l'édition novatrice établie par le projet CMPV. Le concert se déroule en continu dans l'espace et le temps, articulé en deux périodes symétriques conduisant chacune à son propre sommet : un somptueux motet dithyrambique à quatre voix. La dernière pièce du concert, Lugentium siccentur oculi, dédiée au pape Clément VI (Avignon), grandiose par son ampleur exceptionnelle et la complexité de son architecture, en constitue l'apothéose.
Le « concert », au sens qu'a pris le mot aujourd'hui, ne correspond à rien de connu au Moyen Âge. À l'époque, il ne serait venu à l'idée de personne d'enchaîner une série de motets de l'Ars nova pour un public qui aurait payé sa place. Même chantée de la manière la plus historiquement informée qui soit, cette musique vieille de six siècles donnera donc toujours lieu, aujourd'hui, à une création contemporaine. Ainsi, le choix d'une exécution a cappella, tout en se justifiant d'un point de vue historique, vise avant tout à faire entendre de la manière la plus pleine possible le jeu des consonances et des dissonances qui sont la chair de la polyphonie.
De multiples facettes de l'ensemble sont tour à tour mises en valeur, du solo au tutti en passant par diverses combinaisons de voix, des plus suaves aux plus grinçantes. Les polyphonies riches et subtiles des huit motets sont reliées par des intermèdes musicaux (un prélude et trois interludes) composés par David Chappuis sur des extraits de poèmes de Philippe de Vitry. Le tout offre un maximum de variété, de manière à tenir le spectateur en haleine.
Les œuvres présentées :
- Prelude : Adesto sancta Trinitas – Decens carmen edere
- Adesto sancta Trinitas (motet à trois voix)
- Quoniam secta latronum (motet à trois voix)
- Interlude : Orbis orbatus oculis
- Vos pastores adulteri (motet à trois voix)
- Providence la senee (virelai, anonyme).
- Rex quem metrorum (motet à quatre voix)
- Interlude : Mon chant en plaint
- In arboris empiro prospere (motet à trois voix)
- Bona condit cetera (motet à trois voix)
- Interlude : Douce playsence
- Garison selon nature (motet à trois voix)
- Ecce sacerdos (répons, plain-chant)
- Lugentium siccentur oculi (motet à quatre voix)
Quelques réactions du public :
- Un petit mot pour vous transmettre mes félicitations ! Le concert d’hier soir fut un authentique régal acoustique ! Quel travail, quelle performance !
- Magnifique concert ! Et derrière tout ça, magnifique travail. Vos compositions se glissent subtilement parmi les autres oeuvres en abolissant les illusoires frontières temporelles entre le quatorzième et aujourd’hui. Chapeau, c’est du haut vol. Il en résulte un continuum poétique qui enchante.
- Le spectateur que je fus a complètement largué les amarres de la première à la dernière note. C'est un des plus beaux concerts qu'il m'ait été donné d'entendre.
- J'ai trouvé le concert extraordinaire, c'était magnifique et il y a eu des moments sublimes. Le début du concert m'a directement scotchée...
- Je voulais encore vous féliciter chaleureusement pour l'excellent concert d'hier soir. Un travail aussi intense devrait être fait plus souvent.
- Je voudrais vous dire que j'ai adoré votre concert ! Bravo ! Votre projet de recherche est vraiment impressionnant.
- Bravo pour le concert d’hier soir, c’était magnifique !
- Merci pour ce magnifique moment !!! Le public de ce soir a été envoûté par ce concert. Bravo à vous et à toute l’équipe. J’espère que vous allez pouvoir refaire le concert ailleurs, que d’autres personnes entendent le résultat de ces années de recherche.
- Merci Arborescence, c'était vraiment incroyable, je ne suis pas encore redescendue sur terre. Vous faites un travail admirable !
D'autres programmes sont en préparation...
voir, entendre